11 – L’histoire d’un tableau

11 – L’histoire d’un tableau

Je voulais vous raconter l’histoire de ce tableau,

Vous le connaissez toutes et tous,

Enfin tous ceux qui sont venus chez moi depuis plus de 36 ans.

Une petite fiche technique pour commencer,

Il a donc 36 ans,

Il mesure 1 m 13 sur 1 m 39,

Une belle bête.

Oui, je n’ai jamais pu la caser discrètement dans un coin,

Et je n’ai jamais voulu le faire, d’ailleurs.

En effet, il me raconte tant.

Mais avant de vous dire pourquoi le peintre l’a réalisé

Et à quelle occasion il me l’a offert,

Quelques souvenirs sympathiques liés à la peinture ont débarqué dans ma tête ou dans ma main en commençant à vous raconter cette histoire.

Ne vous inquiétez pas, vous n’allez pas découvrir que j’ai été peintre dans une de mes vies, du moins pas que je sache et en tous cas pas dans le corps du JY d’aujourd’hui.

Même si j’ai eu la sensation en parcourant de nombreux lieux pour vois les œuvres de Michel Ange, que j’y avais vécu, que j’y étais déjà venu, notamment de façon très forte sur la Piazza del Campidoglio à Rome. Peut-être ai-je été l’un de ses modèles ?

Peut-être, mais, nous sommes dans cette vie, en 1979, j’ai 23 ans,

Je viens de finir mes études, Je vis à Paris, un peu en transit.

Je rencontre Claude, prof de yoga, juste magnifique, il n’est pas toujours très loin, encore aujourd’hui, grâce à nos technologies,  

Il me présente une amie, Riva Boren,

Artiste peintre et prof de dessin.

Vous devinez la suite ?

Elle a besoin d’un modèle pour ses cours, au Collège américain et dans un club de femmes très chic sur les champs Élysées. Je n’ai jamais dit à mes parents qu’après m’avoir payé des études dans une école de commerce, l’un de mes 1ers boulots fut d’être modèle nu dans des cours de dessin.

Désolé, il n’y a pas de photos de ces séances. LOL.

Au club féminin, je me souviens, elles avaient lieu le lundi matin. Les femmes étaient très sympas et généreuses avec ce jeune provincial fraichement arrivé à la Capitale.

Un lundi, après avoir surement passé un très bon week-end, je n’avais pas beaucoup dormi, je m’étais évanoui sous la chaleur des spots qui m’éclairaient. Elles avaient toutes accourus, pour prendre soin de moi, me donner à boire. Je crois que c’est l’unique fois dans ma vie où je me suis retrouvé nu au milieu de tant de femmes. Oups.

Au collège américain, c’était très différent. Les jeunes avaient à peine quelques années de moins que moi. Avec Riva, nous nous amusions. Elle utilisait mon système pileux pour leur donner l’axe central du dessin, et s’arrêtait … là où il fallait, en me regardant avec un sourire complice.

Photo plusieurs années plus tard, mais juste pour voir, notamment cette ligne chère à Riva… LOL

J’avais droit à des pauses, j’en profitais pour passer entre les chevalets, un pagne à la taille bien évidemment. Et là, surprise, les jeunes filles étaient plus fidèles. Les garçons me dessinaient souvent au travers de leur propre prisme. Pour certains je devenais gros, d’autres très fins…

Dans toute cette vie parisienne, Claude me présentera un autre artiste peintre, Yannis Tsarouchis, il est grec. Je ne poserai pas pour lui. Peut-être a-t-il peint en pensant à moi. Mais il doit rentrer en Grèce, avec des tableaux. Il ne veut pas conduire.

« Tu fais mon chauffeur, et ensuite tu peux rentrer avec la camionnette, je te l’offre. »

Mais nous sommes en décembre 1979, et je viens de revoir ma convocation pour le service national, où je n’y resterai que 15 jours.

Sinon, ma vie aurait été toute autre, car je serais bien resté en Grèce.

Pourquoi 15 jours au SN ?

En partant, mon père m’avait dit,

« Avec ton caractère, ton gout pour la discipline, tes questions sur tout,

Soit, ils te mettent au trou et nous ne sommes pas prêts de te voir,

Soit, ils t’éjectent tout de suite »

Ils devaient être en léger sur-effectifs.

Plusieurs années plus tard, je photographierai plusieurs peintres. Je ferai même un accrochage chez moi, un soir. Avec mes portraits et leurs œuvres à côté. Vous pouvez en savoir plus sur cette belle soirée dans « la balade des portraits de JY ».

Mais revenons à ce fameux boxeur.

Il est de Marc Ming Chan.

Nous sommes en 1986.

Après près de 2 ans de vie ensemble, il s’en va. Double effet Kiss Cool. Il part vivre avec l’un de mes amis. C’est la vie.

Quelques jours après notre séparation, il vient avec ce tableau qu’il vient de peindre en pensant à moi. « Cadeau ».

« Tu me fais penser à un boxeur. Tu affrontes la vie, sans gants de protection, prends souvent des coups, tu tombes souvent, Mais tu te relèves toujours, et tu repars »

Vous comprenez maintenant pourquoi ce tableau, ce boxeur est essentiel. Il me rappelle celui que je suis.

Avec l’expérience, je me suis surement dit qu’avec des gants c’était mieux, j’au surement appris à esquiver un peu plus les directs, mais je trouvais que c’était bien vu de sa part.

Il trônera dans des entrées, des salons, des chambres.

Car il en a vu des lieux de vie. Cinq appartements, 3 maisons, que ce soit Paris, Nantes ou Le Pallet.

Je me souviens d’un déménagement à Paris, il n’avait pas pu rentrer dans les voitures des amis qui étaient venus. Le lendemain matin, un dimanche, j’étais parti avec lui, à bout de bras, peinture vers moi pour le protéger éventuellement et j’avais descendu toute la rue de Maubeuge ainsi.

On a régulièrement offert de me l’acheter.

Impossible, il faut trop partie de moi. C’est moi, quelque part.

Voilà, vous la connaissez l’histoire de ce boxeur.

Quand vous viendrez au studio ou à la maison, ou dormirez dans la chambre d’amis, car c’est son lieu de vie, aujourd’hui, vous ne le regarderez plus de la même façon.

Merci à vous d’être venu, avec moi, dans ces doux souvenirs.

A suivre.

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